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Newsletter : Maladie Dentaire des autres NAC

Nous passerons ici en revue l'essentiel de la pathologie dentaire chez les cochons d'Inde, les autres rongeurs, les furets ainsi que les reptiles.

 

Le sujet est vaste est très divers, pas de petite fiche résumée ou de toolbox pour ce numéro mais j'essaie d'aborder les dominantes pathologiques.

 

Cochons d'Inde :

 

Les cochons d'Inde ont une pathologie dentaire assez spécifique en comparaison du lapin, tout n'est pas parfaitement transposable.

 

L'examen dentaire est compliqué par l'étroitesse de la bouche ainsi que la présence de restes alimentaires. On peut facilement passer à côté de lésions dentaires lors d'un examen vigile.

La façon dont ils manifestent leur pathologie est souvent un peu différente également, souvent on pourra remarquer qu'ils mangent plus lentement, semblent garder la bouche entrouverte, sont intéressés par la nourriture mais n'arrivent pas à la saisir correctement, ils peuvent avoir un faciès un peu tendu ou grincer des dents.

 

La prévalence de malocclusion est assez élevée chez les cochons d'Inde (entre 23 et 36%). Les abcès dentaires atteindraient entre 3 et 6% des cochons d'Inde.

L'origine de la malocclusion est probablement multifactorielle mais la génétique et le métabolisme du calcium semblent jouer un rôle plus important que la seule alimentation chez les cochons d'Inde.

 

L'angulation de la couronne clinique est bien plus marquée que chez le lapin, ceci a pour conséquence qu'à terme les dents mandibulaires peuvent former un pont et s'affronter. La langue peut alors se retrouver bloquée.

L'articulation temporo-mandibulaire peut se retrouver luxée ou subluxée et on rentre alors dans un cercle vicieux : le cobaye a une malocclusion, les dents poussent, la pression s'accroît sur le plateau dentaire, de la rétrocroissance et/ou une luxation se mettent en place augmentant ainsi les douleurs, il mange moins, les dents poussent encore plus vite, des pointes et/ou un pont dentaire se forme, il se démuscle, n'arrive plus à mâcher etc.

 

Une autre particularité du cochon d'Inde par rapport aux lapins est qu'ils ont très souvent des macrodonties (89% des cochons d'Inde présentant une maladie dentaire ont au moins une dent affectée). Une ou plusieurs dents ont une taille augmentée, cela peut être sans conséquence mais il arrive que ceci cause une malocclusion en repoussant d'autres dents, si la malocclusion n'est plus compensée on rentre alors de nouveau dans le cercle vicieux décrit précédemment.

 

Les cochons d'Inde ont souvent plus de mal à se remettre d'extractions dentaires, ils tolèrent moins bien la douleur et le stress, les troubles métaboliques liés à la dysorexie apparaissent aussi plus rapidement que chez le lapin, on opère donc souvent sur des animaux plus fortement débilités.

Les extractions sont également techniquement plus difficiles en raison de la taille de la bouche, de la longueur de la couronne de réserve et de l'orientation des racines.

Une solution prometteuse est l'apicoectomie :

On aborde la racine par voie extra-orale puis un fraisage permet de détruire le tissu germinal et le cas échéant les tissus infectés. La couronne reste en place et empêche des résidus alimentaires de s'introduire, elle finira par s'user complètement et se résorber. On peut marsupialiser le site chirurgical ou y déposer des billes ou compresses enduites d'antibiotiques comme pour la technique décrite dans le numéro précédent. La marsupialisation et débridement de l'abcès sans extraction peut également donner de bons résultats si on arrive à exposer toute la zone infectée mais des récidives sont possibles.

 

Il arrive que l'occlusion semble bonne, qu'il n'y ait pas de lésions dans la bouche et que pour autant le cochon d'Inde souffre de douleurs dentaires. Une radiographie standardisée selon la description de Bohmer permet alors souvent d'identifier de la rétrocroissance ou une macrodontie. La radiographie (et le scanner d'autant plus) a également l'avantage de permettre de visualiser les bulles tympaniques. Les otites moyennes sont en effet des trouvailles fréquentes, souvent fortuites, mais qui peuvent causer des douleurs dans la zone temporo-mandibulaire et mimer la pathologie dentaire. 

D'après mon expérience un traitement à plus ou moins long terme avec la gabapentine donne de bons résultats dans les cas de douleurs dentaires non opérables.

 

Les cochons d'Inde sont également assez sujets à la malocclusion des incisives que ce soit traumatique, secondairement à une macrodontie ou à une élongation des dents jugales. On égalisera alors les incisives en veillant à garder le biseau naturel des dents.

 

Concernant le parage dentaire, la technique est la même que chez le lapin mais un garde joue et un grossissement sont presque indispensables pour éviter les lésions des tissus mous.

 

Autres rongeurs :

 

Chez les octodons et chinchillas la maladie dentaire consiste principalement en des malocclusions, les tumeurs de type élondontomes semblent également plus fréquentes que chez les lapins et cochons d'Inde (8% chez les octodons), potentiellement en lien avec une incidence plus élevée de maladie parodontale. Les abcès dentaires sont en revanche moins fréquents. Le rapport calcium/phosphore semble avoir un rôle important dans la physiopathologie de la maladie dentaire chez l'octodon et potentiellement chez le chinchilla également. Les caries et lésions résorptives sont fréquentes chez les octodons et chinchillas mais n'ont pas toujours d'incidence clinique puisqu'il s'agît d'une trouvaille d'autopsie fréquente sur des animaux morts sans lien avec la pathologie dentaire.

Chez les myomorphes seules les incisives ont une pousse continue, les dents jugales sont donc beaucoup moins sujettes à la pathologie dentaire. De même que chez le cochon d'Inde les extractions dentaires sont techniquement difficiles du fait de la longueur et l'orientation des racines.

 

Furets :

 

Le furet en tant que petit carnivore présente la même pathologie dentaire que les chiens et chats. La principale dominante est la maladie parodontale.

Il convient donc d'éduquer les propriétaires sur l'hygiène dentaire et de contrôler régulièrement le tartre et l'inflammation des gencives. Le brossage de dents peut être appris mais souvent la présence de proies entières ou l'utilisation de cous de poulet en ration ménagère participent efficacement à la prévention. Les additifs type poudre ou solution n'ont pas été évalués à ma connaissance mais pourraient également représenter une bonne option.

Les fractures dentaires sont également monnaie courante étant donné le caractère casse-cou des furets. Le traitement est le même que pour un chat ou un chien et je vous conseille de proposer des radiographies dentaires lors de soins dentaires. La petite taille des dents peut compliquer la tâche mais on peut adapter des instruments pour chats ou utiliser des aiguilles pour disséquer le ligament parodontal et luxer la dent, la plupart des dents peuvent s'extraire à foyer fermé.

 

Reptiles :

 

Chez les reptiles, certains lézards insectivores et omnivores ont une alimentation en captivité et une anatomie qui les prédispose à la maladie parodontale. Les pogonas et autres agamidés sont les plus touchés mais les dragons d'eau, les caméléons, les iguanes peuvent également être touchés.

Chez les pogonas, la dentition est acrodonte : la dent est directement enchâssée sur le dessus de la mâchoire. L'infection qui résulte du dépôt de plaque dentaire entraîne donc assez rapidement une ostéomyélite et une septicémie. Il n'est donc pas rare de retrouver des arthrites ou des abcès à distance secondairement à cette septicémie.

Donner une alimentation de texture variée légèrement abrasive et pas trop molle peut aider dans la prévention du tartre, on évitera également de donner trop de fruits qui semblent être l'un des principaux facteurs de la maladie dentaire chez les pogonas. On peut également envisager un brossage des dents avec un produit légèrement antiseptique comme de la chlorhexidine diluée appliquée sur un coton tige.

Des contrôles réguliers chez le vétérinaire sont importants pour grader cette maladie parodontale et au besoin réaliser des détartrages.

Chez certains reptiles, en particulier les dragons d'eau, la captivité, le stress et un environnement trop petit peuvent conduire à des lésions rostrales répétées et l'inoculation de bactéries se fait alors par cette voie plus que par le tartre.

Des stomatites et gingivites sont également fréquemment observées chez les serpents ou encore les tortues (herpès notamment), mais ce sont plus souvent des symptômes associés à une immunité déficiente en lien avec une mauvaise zootechnie ou résultant d'agents pathogènes primaires et on ne peut pas espérer résoudre ces seuls symptômes sans prendre en charge l'animal dans sa globalité.

Certains reptiles polyphyodontes, comme les crocodiles, les varans et les serpents, remplacent leurs dents à intervalles réguliers tout au long de leurs vies. De manière occasionnelle il peut arriver que plusieurs dents occupent l'alvéole en même temps. Il peut en résulter une dent incluse, une accumulation de dents dans l'alvéole voire un abcès dentaire. La solution est alors chirurgicale.

 

Avec toutes ces informations j'espère que vous aurez de quoi préserver le beau sourire de vos patients NAC !

 

Pour ceux qui souhaitent approfondir, j'ai inclus une bibliographie comme d'habitude.

Bibliographie

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Léo Munné, Vetmint Fribourg

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Route des fluides 5, 1762 Givisiez

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